mercredi 17 août 2011

Visite d'une tribu Bushmen


La tribu des Bushmen vit à proximité du Lac Eyasi dans une région reculée de la vallée du Rift. La piste pour accéder aux abords de ce lac ne présage que du bon : un dépaysement total, une impression de pénétrer au cœur de l’Afrique.

Après deux heures de route (pour parcourir 50km), nous arrivons enfin à notre campement. Notre incroyable guide Mustafa, un anthropologue étudiant l’histoire et les coutumes des Bushmen depuis plus de 10 ans, nous briefe quelques minutes sur le programme du lendemain ; une matinée de chasse avec les Hadzabés ! 

À cet instant, nous étions loin d’imaginer jusqu’où cette expérience nous entraînerait ! Goûter de la viande de Baby bush (sorte de petit singe beaucoup trop mignon) chassé 10 minutes auparavant ne faisait pas partie de ma « to do » liste (ni de celle de Ruth, Yasmine, Michael et Djamel!). Et j’aurai encore moins imaginé être l’instigatrice de cette dégustation !

Bref, le lendemain matin, nous arrivons donc auprès du village bushmen qui a accepté de nous accueillir. Chaque village est composé d’une seule famille. La population Bushmen serait comprise entre 800 et 900 personnes. Seulement 8 familles acceptent de recevoir des touristes.

Nos visites ont des impacts (négatifs et positifs) considérables auprès des Bushmen. D’une part, en s’ingérant dans leur environnement, nous leur faisant découvrir de nouvelles choses (bouteille d'eau, cigarette, vêtements,...). Pour chaque objet qu’ils s’approprient, c’est un peu de leur culture qui disparaît. D’autre part, il a été observé que les familles qui acceptent le tourisme ont un taux de mortalité infantile s'élevant à 30% contre 80% chez celles qui refusent toute ingérence du monde extérieur. 

On craint que dans quelques années, la population Bushmen ne diminue considérablement, voire ne disparaisse. Bien que leur propre tradition est en partie responsable, le gouvernement tanzanien joue également un rôle dans cette tragédie. À force de s’approprier les plus bonnes terres, les Bushmen disposent de moins en moins de marge de manoeuvre  pour chasser. La famine devient une menace constante.

Cependant, les coutumes des Hadzabés n’arrangent en rien la situation. Dans ces tribus, l’homme chasse pendant que la femme reste au village. Si les hommes chassent un gros animal (girafe, buffle) ils ramènent la viande au village et la partage avec les femmes et les enfants. En revanche, s’ils chassent un petit animal (oiseau, singe, baby bush, écureuil) ils le mangent sur place. 

Or, disposant de moins en moins d’espaces pour chasser, ils ne tuent désormais que des petites bêtes, laissant ainsi femmes et enfants sans nourriture (les Hadzabé se nourrissant principalement de viande).

Les femmes enceintes ne font pas exception. Vous imaginez donc les carences que cela engendre sur le fœtus. 

Sans grande surprise, le taux de mortalité chez les femmes et les enfants est plus élevé que chez les hommes.

Dans tous les cas, l’espérance de vie des Bushmen ne dépasse pas 50 ans.

Malgré cela, les Hadzabé aiment leur vie. Ils n’échangeraient pour rien au monde leur tranquillité d'esprit contre notre santé! Pour eux notre vie est trop compliquée et la leur est simple : ils boivent, fument, chantent et dansent. Leur système de comptage est assez représentatif de leur état d'esprit... il ne compte que jusqu'à 2, tout ce qui dépasse ce nombre est considéré comme "beaucoup"!

Ils ne se posent pas beaucoup de questions quant à leur avenir, ils préfèrent vivre au jour le jour. À ce propos, notre guide nous a raconté qu'un jour, des Bushmen avaient reçu un troupeau de 10 vaches de la part d’une association. L’objectif étant de disposer de lait quotidiennement et d’agrandir le troupeau afin de pouvoir bénéficier de plus de réserves. Quelques jours plus tard, lorsque l’association retournait auprès des Bushmen, ces derniers avaient arrêté de chasser pour ne tuer (à l’arc et la flèche je précise !) que le bétail qu'ils avaient reçu. Pourquoi aller chasser si on dispose déjà de viande à la maison? Pour eux l’idée était insensée. 

La culture bushmen ne leur impose quasi aucun interdit, la tromperie ou l’inceste sont des concepts qui leur sont totalement étrangers.

Les Hadzabés croient aux ancêtres et à la réincarnation, ils ont des rites très complexes.

Ce sont des personnes d’une rare gentillesse et authenticité ! 

tout comme le maasaï qui chasse un lion, le Bushmen qui tue
un babouin est considéré comme un héro par ses pairs

il porte la fourrure du babouin comme un trophée




un couple de baby bush dans l'arbre

Djamel essayant de viser l'un des baby bush avec un arc pour enfant
et une flèche aussi transperçante qu'une spatule de cuisine!

10 minutes plus tard les Hadzabés confectionnent un feu de manière traditionnelle:
"avec un morceau d'écorce dure placé au sol, une petite entaille est faite au milieu 
pour assurer l'apport d'oxygène nécessaire à la combustion et l'énergie calorifique
est assurée en frottant contre l'écorce un bâton robuste qu'on fait rouler dans les mains...

.... il suffit d'ajouter un bouquet d'herbes sèches sur l'écorce et
continuer la manoeuvre en soufflant sur les jeunes braises...

... jusqu'à ce que le bouquet s'enflamme"
(explication reprise de http://lemondetattend.blogspot.com)





une Hadzabé préparant un morceau de viande
elle cuisine la viande avec l'intestin et ce qu'il contient 





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